Lauréats des commissions mécénat
de la Fondation des ArtistesAjouter un lauréat

"Low-Fi Chronicles" est un film né de la collaboration entre Vincent Dieutre (cinéaste) et Christophe Berhault (peintre et plasticien). Les deux artistes se connaissent depuis l’adolescence et c’est à Berlin qu’ils se sont retrouvés pour faire le point sur leurs années berlinoises. Mêlant le journal photographique de l’un et le récit des souvenirs de l’autre, ils nous invitent à une expérience sensible singulière, et à un autre usage du cinéma.
En référence à la grande peinture classique, quelques cinq mille photos argentiques du journal de Christophe Berhault apparaissent en triptyque dans leur ordre chronologique. Sans laisser le temps au spectateur de les évaluer en termes esthétiques, elles se succèdent, au rythme des saisons.
Le triptyque devient peu à peu un vaste paysage, animé des pulsations cardiaques de Berlin, diaporama obsédant de la mémoire, entre intimité et traces de la grande Histoire.
Comme portée par le rythme lent des photos, la voix de Vincent Dieutre se met à raconter les souvenirs de ses nombreux séjours à Berlin. Au gré des lieux, des visages entrevus, la mémoire lui revient. Certaines rencontres sont restées très précises, d’autres plus floues. Le sexe, l’Histoire, bien des choses ont été oubliées. Alors le silence de l’atelier s’installe à nouveau, Berlin gronde au dehors, la radio crachote. Le compositeur Daniel Freitag s’empare de ces trous de mémoire et improvise en contemplant le triptyque qui continue sa route. Derrière le spectateur, dans l’atelier, une autre voix, anglaise celle-là, tente de déchiffrer les fragiles confessions de Vincent Dieutre. Mais l’acteur Geoffrey Carrey rend compte plus qu’il ne traduit, chuchotant lui aussi. Ainsi, aucun sous-titre ne viendra blesser le triptyque, ni rompre l’enchainement inexorable des images et des mots.
"Low-Fi Chronicles" peut être vu dans une salle de cinéma comme dans un dispositif de musée. Chaque spectateur est libre de remonter le film à sa façon, à son rythme